Conciliation vie familiale-vie pro | Des attentes fortes qui appellent des réponses concrètes
Mobilisée de longue date sur les questions de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, l’Unaf a lancé une large démarche d’enquête sur les besoins des parents à l’arrivée d’un enfant dont les résultats qui ont été versés aux travaux de la mission Damon Heydemann, ont été publiés à l’occasion de la Conférence des Familles les 5 et 6 octobre.
Entre avril et juin 2021, l’Unaf, appuyée par le réseau des Udaf et des associations familiales, a mené 3 études pour collecter l’avis et les témoignages de jeunes familles :
- une étude qualitative approfondie auprès de 45 parents,
- une étude quantitative auprès de 2000 parents
- la synthèse de 13 débats avec les parents organisés par des Udaf dans 12 régions de France et 1 DOM
Les témoignages collectés confirment qu’il n’y a pas de parcours type mais que tous les parents ont besoin de “lever le pied” à la naissance de leur bébé. La plupart sont obligés de jongler avec des moyens souvent informels pour pouvoir s’occuper de leur enfant. .
Ce que disent les parents
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- L’arrivée de l’enfant bouleverse toute la vie des parents : 84 % des mères et la moitié des pères déclarent que la naissance a eu une ou plusieurs conséquences sur leur vie professionnelle. Pour les mères : réduction des horaires de travail 33 %, changement d’employeur 18 %, de poste 16 %, de métier 16%, de lieu de travail 14 %, démission 7 %, rupture conventionnelle 5 %.
- Après la naissance, les parents ne se sentent plus suivis. Une mère témoigne : « Pendant la grossesse on est hyper bien entourée mais à partir de l’accouchement plus rien, on n’a plus de droit, personne ne nous suit. »
- La reprise du travail est trop rapide. 2/3 des mères utilisent une solution formelle ou informelle pour prolonger le congé maternité : congés payés, congé parental, chômage, congés, congés sans solde…
- Laisser son bébé, si petit, est culpabilisant : 86 % des parents considèrent qu’ils sont eux-mêmes le meilleur mode de garde pour leur nouveau-né de moins de 6 mois.
- Trouver un mode d’accueil reste un parcours difficile : 60 % des parents ont rencontré des difficultés dans leur recherche de mode de garde.
- Le retour en entreprise n’est pas facilité. Une mère témoigne : « L’employeur n’était pas conscient que j’avais un bébé, qu’il fallait aménager un minimum mon temps de travail pour que je puisse le voir. Ce n’était pas une vie, mentalement c’était très compliqué. »
- Faire garder son bébé a un coût. Un père témoigne : « J’avais moins de 1000 euros, financièrement on ne pouvait pas faire garder notre fille, c’était trop juste. »
- Dans certains cas, les parents ont encore plus besoin de temps (gémellité, prématurité, handicap). Une mère témoigne : « J’ai deux garçons qui sont nés prématurés. J’ai été obligée de prendre un congé parental : c’était soit les garçons soit le boulot. »
- La disponibilité des pères est compliquée. Une mère témoigne : « J’ai fait une dépression après l’accouchement, je me suis sentie complètement seule avec mon bébé, mon conjoint travaillait. »
- Il y a un manque d’information sur les droits, notamment des pères. Un père témoigne : « Il y a plein de droits qu’on ne connaît pas. (…) J’aurais fait différemment si j’avais su.»
- Les mères et les pères plébiscitent le congé parental, s’il était mieux indemnisé : plus de 90 % des mères et 60 % des pères auraient modifié leurs parcours s’ils avaient pu bénéficier d’un congé parental mieux indemnisé. Les 5 bénéfices présumés d’un congé supplémentaire indemnisé ou d’un temps partiel sont : moins de stress, plus de bien-être pour l’enfant, une meilleure situation économique de la famille, moins de fatigue, meilleure santé, et un meilleur retour au travail.
86 % des parents
Ce que l’Unaf défend
- Créer un congé parental, accessible à tous, mieux indemnisé (75% du revenu) jusqu’au 1 an de l’enfant.
- Améliorer l’information des mères et des pères sur leur droits, dès la grossesse.
- Développer les ressources disponibles pour les parents en difficultés après l’accouchement et l’accompagnement à la parentalité dès les premiers mois de l’enfant, notamment en PMI.
- Prévoir des solutions de reprise du travail en douceur.
- Garantir une place d’accueil, notamment à l’issue du congé parental.
- Quel que soit le mode de garde, réduire les restes à charge les plus élevés.
- Permettre un congé parental indemnisé jusqu’aux 3 ans de l’enfant à temps partiel ou complet, notamment pour les parents dont les enfants requièrent une présence parentale renforcée (prématurité, naissances multiples, pathologies, handicap, adoption).
- Instituer un droit de demande d’aménagement horaire, de temps partiel ou de travail à distance, au moins jusqu’aux 8 ans de l’enfant, avec obligation de motiver le refus.
Si l’allongement du congé paternité est un premier pas, l’élection Présidentielle en mai 2022, l’application en juillet 2022 de la directive européenne Work life balance et la renégociation de la Convention d’objectifs et de gestion de la branche famille, sont autant d’opportunités pour faire avancer la France en matière de conciliation. L’Unaf milite pour que des mesures soient mises en œuvre afin de permettre aux parents d’avoir le temps de s’occuper de leur enfant sans sacrifier leurs revenus, leurs emplois, ni leurs carrières.