Politique familiale

Démographie | Fort désir d’enfant, fécondité en baisse : que se passe-t-il ?

Le bilan démographique de l'Insee pour 2020 confirme une sixième année de baisse consécutive de la fécondité, inférieure à 1,87 enfant par femme[1]. Pourtant, d’après l’étude de l'Unaf confiée à Kantar, le désir d'enfant reste toujours aussi fort en France : le nombre moyen d'enfants souhaité est de 2,39. Si les familles ont moins d'enfants, ce n'est donc pas parce qu'elles en veulent moins.

Parents et leur bébé

Baisse des naissances : une année record

Le bilan démographique 2020 est doublement catastrophique : décès en hausse (dont 60 000 liés au coronavirus) et sixième année consécutive de baisse des naissances. La diminution du nombre de femmes en âge de procréer ne joue qu’un rôle mineur dans cette baisse et l’épidémie n’est pas en cause : quasiment toutes les naissances de 2020 ont été conçues avant le premier confinement. En France métropolitaine, il nait désormais 100 000 enfants de moins qu’il y a 10 ans. Le total des naissances (de l’ordre de 700 000) n’a jamais été aussi bas depuis 1945.

Cette baisse inédite n’a encore fait l’objet d’investigation approfondie. Il est pourtant essentiel de se poser la question : pourquoi la fécondité, après dix ans de hausse (1994-2005), puis neuf ans de stabilisation autour de 2 enfants par femme (2006-2014), se dégrade-t-elle depuis six ans ? C’est une question importante, en raison de l’impact sur les équilibres de notre protection sociale déjà durement mise à l’épreuve avec les effets de la crise sanitaire, mais c’est surtout une question importante pour les familles. En tant que porte-parole des intérêts des familles, l’une de nos préoccupations est que les familles aient le nombre d’enfants qu’elles souhaitent. 

Les familles veulent davantage d’enfants

Les chiffres de l’étude révèlent un désir d’enfant toujours aussi élevé :

Plus des deux tiers (67 %) des personnes ayant eu un enfant en voudraient ou en auraient voulu au moins un de plus. C’est aussi le cas de 23 % des personnes ayant eu deux enfants

Un impact négatif sur l’avenir de notre système de protection sociale

Le financement de la santé, de la dépendance et des retraites est conditionné par une démographie assurant le renouvellement des générations. En plus des effets de la crise, c’est tout notre système de protection sociale qui est mis en péril si cette courbe des naissances n’est pas inversée. Sur le seul sujet des retraites, le Conseil d’orientation des retraites (COR) considère que « Si ces tendances devaient perdurer, l’effet de la fécondité (1,8 enfant par femme) sur la part des dépenses de retraite dans le PIB serait d’environ +0,7 point en 2070 », avec des effets sensibles au « début des années 2040 ».

2,39 enfants
C'est le nombre moyen idéal d'enfants des répondants. Soit 0,58 enfant de +que le nombre d'enfants qu'ils déclarent avoir eu jusqu'à présent et 0,56 enfant de + que l'indice conjoncturel de fécondité Insee actuel

Les solutions passent par une relance de la politique familiale

Après une décennie de coupes sévères et d’une évolution du système socio fiscal globalement moins favorable aux parents, ces constats doivent inciter les pouvoirs publics à apporter des réponses à ces désirs d’enfant contrariés. Au travers d’une relance de la politique familiale, il s’agit aujourd’hui de redonner confiance aux parents, de leur apporter un soutien concret et stable dans la durée et de faciliter la conciliation vie familiale, vie professionnelle en y impliquant aussi le monde du travail.

Partir du désir d’enfant, c’est rappeler que ce désir est élevé, et toujours supérieur au nombre d’enfants qu’ont effectivement les familles. Si les familles ont moins d’enfants, ce n’est pas par manque d’envie d’en avoir.

Parler du désir d’enfant aujourd’hui, c’est aussi un message d’optimisme, dans ce contexte pandémique. Lorsque 9 personnes sur 10 déclarent vouloir, ou avoir voulu, au moins un enfant, et 83% au moins deux, et 36% au moins trois, cela doit inciter les pouvoirs publics et la société à s’interroger sur ce qu’il est possible de faire pour aider ces souhaits à devenir réalité.

La politique familiale, en aidant les parents à réaliser leur désir d’enfant, pourrait contribuer à rétablir l’équilibre à long terme des branches Vieillesse, Assurance maladie et des dispositifs de Dépendance. Ainsi, c’est l’ensemble de la protection sociale qui dépend d’une meilleure écoute des désirs d’enfants des familles !