Politique familiale

Pouvoir d’achat | Le budget des familles à l’épreuve

Toutes les familles doivent faire face à l’inflation et la hausse des prix. Les dépenses d’alimentation, d’énergie et de transports sont les premières à flamber. Dans un contexte économique et social troublé, la politique familiale est un levier pour préserver le budget des familles et prévenir les risques de décrochage pour les plus fragiles.

Evidence trop souvent escamotée : avoir des enfants à charge pèse sur le niveau de vie et plus les prix augmentent et plus le budget familial est grevé. Autre évidence, plus on a d’enfants à charge, plus on subit les effets de l’inflation.

Dotée de budgets-type, un outil d’évaluation des budgets familiaux exclusif (voir encadré), l’Unaf constate depuis plusieurs mois l’explosion du coût de la vie décente pour toutes les familles avec enfant à charge. Son impact varie selon le nombre et l’âge des enfants.

Faire face à dépenses en hausse dans tous les domaines

Ainsi, on peut visualiser l’impact de l’inflation sur le coût d’une vie décente… coût considérable, et différent selon les configurations de familles. Ainsi, en août 2022, il fallait à un couple et deux enfants 191 € de plus qu’en août 2021 pour vivre décemment pendant un mois. Pour un couple avec 2 enfants et 2 adolescents, cette somme était de 284 €.

L’alimentation est bien loin d’être le seul poste de dépense à flamber. Par exemple, en août 2022, un couple avec 2 enfants avait besoin, pour vivre décemment, de :

+191€/mois
C'est la somme supplémentaire nécessaire à un couple avec 2 enfants pour vivre décemment en août 2022 (par rapport à août 2021)
graphique Somme mensuelle supplémentaire nécessaire pour atteindre un niveau de vie décent en août 2022

À vous d’agir

Dans votre rôle de représentant familial, les budgets-types peuvent vous servir dans bien des cas : pour évaluer les besoins des familles, pour évaluer les privations dont souffrent certaines d’entres elles, pour connaître les dépenses qui pèsent le plus dans leur budget, évaluer la compensation des charges familiales par les différentes prestations (allocations familiales, allocation de rentrée scolaire, etc.).

Revaloriser les prestations familiales, mais aussi leurs plafonds

Pour faire face à l’inflation, il est indispensable de revaloriser les prestations familiales et leurs plafonds, afin de limiter les pertes de pouvoir d’achat pour les familles. Les demandes de l’Unaf ont été partiellement entendues cet été, lors du vote des lois d’urgence visant à limiter les effets de l’inflation
(loi pouvoir d’achat et PLF rectificatif 2022), puisque les montants des prestations familiales ont été revalorisés de 4 %. Il faut désormais rester très vigilants sur les pertes possibles pour les familles si l’inflation accélérait encore d’ici le 1er avril 2023, date de la prochaine revalorisation.

Par ailleurs, se pose la question des plafonds. L’accès aux prestations familiales est conditionné ou modulé en fonction de plafonds de ressources. Ces plafonds sont habituellement revalorisés au 1er janvier en fonction de l’indice des prix à N-2. Ainsi, le PLFSS 2023 prévoit que ces plafonds soient
revalorisés de 1,6 % (indice des prix 2021) pour 2023.

Cette insuffisante revalorisation des plafonds va évincer ou réduire les prestations familiales de nombreuses familles allocataires qui dépasseront les plafonds de revenus. Tous les types de familles sont potentiellement touchés : aussi bien des familles modestes, nombreuses, monoparentales, ce qui est d’autant plus problématique dans une période de forte inflation et donc de tensions sur le pouvoir d’achat.

Pour préserver le pouvoir d’achat des ménages, l’Unaf demande au Gouvernement d’augmenter exceptionnellement les plafonds pour limiter les effets d’éviction.

Prévention de la pauvreté

Les Points conseil budget

Les Points conseil budget (PCB) figurent parmi les mesures clés de la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté. C’est un service gratuit labellisé par l’État, pour prévenir le surendettement et renforcer l’accompagnement des personnes pouvant rencontrer des difficultés financières.
Les Points conseil budget sont des lieux ouverts à tous, qui proposent des conseils confidentiels, gratuits et personnalisés. Les conseillers aident les familles à faire face à une situation financière difficile, à améliorer la gestion de leur budget, voire à anticiper un changement de situation, familiale ou professionnelle, ayant un impact sur leurs ressources ou leurs dépenses. Concrètement, il est possible d’être
aidé pour négocier un échéancier de paiement, dialoguer avec sa banque, solliciter une aide sociale, revoir un contrat d’assurance, etc. Tous les publics peuvent être reçus par ces services, quel que soit leur niveau de ressources, y compris les personnes qui ne sont pas suivies par les services sociaux.
Avec 226 Points conseil budget présents dans 93 départements, le réseau Unaf-Udaf est le 1er réseau de Points conseil budget. Il milite notamment pour la prévention du surendettement et pour l’éducation budgétaire.

En matière de logement, un soutien indispensable par les aides au logement

Les dépenses liées au logement représentent le principal poste de dépense des familles, et ne sont pas épargnées par l’augmentation générale des prix, notamment par l’explosion des prix de l’énergie. Toutes les familles, qu’elles soient propriétaires ou locataires du parc public ou privé, sont concernées.
Cette année, afin de prendre en compte le niveau élevé d’inflation et de limiter des hausses excessives de dépenses de logement pour les locataires, les APL ont été revalorisées de 3,5 %, au 1er juillet 2022 par anticipation (sans attendre la date réglementaire du 1er octobre 2022 pour la revalorisation
des paramètres liés à la dépense de logement ni celle du 1er janvier 2023 pour les paramètres ressources).

Cette mesure, inscrite dans la loi de protection sur le pouvoir d’achat et dans le projet de loi de finances pour 2023, a permis aux ménages concernés de bénéficier d’une augmentation de l’APL sur 3 mois supplémentaires.

Ce que l’Unaf défend

Si l’Unaf a salué cette mesure positive pour les familles, elle regrette néanmoins, une fois de plus, qu’il n’y ait pas eu un rattrapage pour compenser la perte importante de pouvoir d’achat des APL, en particulier sur les charges.

En effet, l’accumulation de nombreuses mesures d’économies sur les APL depuis plusieurs années (sous actualisation des APL, voire leur gel, baisse mensuelle de 5 euros pour l’ensemble des allocataires) n’a fait qu’accentuer la déconnection des APL de la dépense réelle supportée par les familles. Ces mesures d’économie continuent de peser sur les familles, notamment concernant les charges.

Ce manque de rattrapage est d’autant plus dommageable dans le contexte actuel de
crise sans précédent qui se traduit par une augmentation brutale des prix de l’énergie et un contexte général de forte hausse de l’inflation qui grèvent le pouvoir d’achat des familles.

Energies : face à l’explosion des coûts, protéger le budget des familles

En matière d’énergie, les prix du marché anticipés pour 2023 sont de 5 fois supérieur
à ceux de 2021 pour le gaz et 10 fois supérieurs pour l’électricité. Les mesures gouvernementales
annoncées le 14 septembre 2022 ont pour objectif de préserver le pouvoir d’achat des familles :

Ce que l’Unaf défend

L’Unaf se réjouit de la création d’un chèque énergie exceptionnel et du maintien du
bouclier tarifaire. Cependant force est de constater que cela ne couvrira en aucun cas l’ensemble des relèvements de tarifs que subiront les familles.

L’Unaf demande :

  • un relèvement du chèque énergie « de base » pour que celui-ci atteigne la somme de 450 € annuels,
  • un bouclier tarifaire plus protecteur, comme l’était le précédent.

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