Représentation

Que penser des bassines construites comme retenues de substitution pour l’agriculture ? position de l’Unaf

A l’issue d’une mission d’écoute sur le projet des bassines dans les Deux-Sèvres par le Comité de bassin Loire-Bretagne où siègent deux représentants de l’Unaf, une tribune co-signée par 29 membres de cette instance est parue en juillet 2023. Celle-ci demande un moratoire sur le financement public des retenues de substitution. Son objet est de renouer le dialogue avec les parties prenantes et en particulier les agriculteurs pour un meilleur respect de leurs engagements de réduction de l’usage des pesticides en contrepartie des aides publiques. L’Unaf a pris officiellement position contre l’utilisation de financements publics pour la construction de réservoirs de substitution de grande capacité, dits méga-bassines, lorsqu’ils sont alimentés par pompage de nappes phréatiques ou soumis à une trop forte évaporation naturelle. Rappelons que c’est aussi ce que préconise l’avis du Conseil économique social et environnemental d’avril 2023 « Comment favoriser une gestion durable de l’eau (quantité, qualité, partage) en France face aux changements climatiques ? » et que le Tribunal administratif de Poitiers vient d’interdire plusieurs projets de construction de mega-bassines.

Agriculture

Les bassines, ces retenues de substitution, ont beaucoup fait parler d’elles ces derniers mois, en particulier à l’occasion des manifestations violentes qui ont eu lieu près du bassin en construction de Sainte Soline dans les Deux-Sèvres.

Les Comités de bassin sont consultés sur les projets de retenue d’exploitations agricoles car ceux-ci peuvent faire l’objet de financements publics accordés par les Agences de l’eau.

C’est pourquoi nous revenons sur ce sujet qui a fait l’objet d’une actualité particulière dans le bassin Loire-Bretagne.

A l’issue d’une mission d’écoute sur le projet des bassines dans les Deux-Sèvres par le Comité de bassin Loire-Bretagne où siègent deux représentants de l’Unaf, une tribune co-signée par 29 membres de cette instance est parue en juillet 2023. Celle-ci demande un moratoire sur le financement public des retenues de substitution. Son objet est de renouer le dialogue avec les parties prenantes et en particulier avec les agriculteurs pour un meilleur respect de leurs engagements de réduction de l’usage des pesticides en contrepartie des aides publiques.

Pourquoi les bassines, ces immenses réservoirs d’eau à ciel ouvert, sont-elles critiquées ? L’eau est une ressource essentielle pour la production agricole comme pour la consommation d’eau potable. La construction de réserves d’eau alimentées par l’eau de pluie ne pose pas de problèmes, si ce n’est que l’évaporation des eaux stockées à ciel ouvert diminue d’autant l’eau qui rentre naturellement dans les sols. C’est en revanche le pompage de nappes phréatiques pour remplir ces bassines qui suscite des réserves. Il s’agit ici d’un accaparement de la ressource en eau. Celle-ci étant un bien commun, les captages par l’agriculture ne doivent pas conduire à des détournements de la ressource, à l’assèchement des nappes phréatiques et, par voie de conséquence, au manque d’eau potable. Pensons aux familles de Mayotte qui souffrent actuellement d’une terrible sécheresse qui a précisément pour conséquence de les priver d’eau potable. L’eau est coupée au moins 2 jours sur 3 et lorsqu’elle coule du robinet, elle n’est pas toujours potable. Cela a de graves répercussions sur le budget des familles qui, quand elles en ont les moyens, ont recours à l’achat d’eau minérale, vendue à des prix très élevés, pour un coût moyen de 400 à 500 € par mois. Pour les populations pauvres, de telles dépenses sont inenvisageables.

C’est la raison pour laquelle l’Unaf a pris officiellement position contre l’utilisation de financements publics pour la construction de réservoirs de substitution de grande capacité, dits mega-bassines, alimentés par des nappes phréatiques. Rappelons que c’est aussi ce que préconise l’avis du Conseil économique social et environnemental d’avril 2023.

Le Tribunal administratif de Poitiers a, de son côté, interdit le 3 octobre dernier des projets concernant des mega-bassines dans les Deux-Sèvres et d’autres bassines dans la Vienne. La décision se serait appuyée sur le caractère surdimensionné des ouvrages envisagés.

Dans le cas de figure rencontré par le Comité de bassin Loire-Bretagne, l’enjeu de la tribune précitée est d’obtenir par le dialogue qu’il soit tenu compte non seulement des problématiques de l’agriculture mais aussi des autres aspects (ressources en eau potable pour les personnes, respect des milieux aquatiques,…) sur la base d’éléments factuels territoriaux et d’études scientifiques.

La santé végétale, animale et humaine et la protection de l’environnement, notamment le maintien de la biodiversité, sont interdépendants : l’eau agit fortement sur cet équilibre. Rompre celui-ci peut aggraver les risques d’épidémies animales et humaines.

Or, dans le cas présent, les engagements des agriculteurs de réduction de 50% des usages de pesticides pour bénéficier des soutiens publics de la Chambre d’Agriculture versés grâce aux subventions de l’Agence de l’eau du bassin Loire-Bretagne n’ont pas été respectés, alors qu’ils sont indispensables pour l’eau potable de la consommation humaine. Ils sont à l’origine de la remise en cause des aides publiques.

Pour résumer la position de l’Unaf, indiquons qu’elle ne s’oppose pas au principe d’aides publiques pour la construction de bassines alimentées par eau de pluie, mais s’oppose en revanche à celle de méga-bassines alimentées par des captages qui épuisent des nappes phréatiques déjà mises à mal par la sécheresse.

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